Le Chapus est la terre continentale la plus proche de l’Ile d’Oléron et pointe entre les estuaires de deux fleuves : la Charente au Nord et la Seudre au Sud.
Ces lieux sont d’une richesse biologique naturelle exceptionnelle de mélanges de terres, d’eaux salées et d’eaux douces, d’alluvions et de sédiments, de brassages d’organismes et d’éléments au gré des marées, du soleil et des vents…
Une faune et une flore uniques s’y développent.
La présence chaque année de cigognes dans les marais de Saint-Agnant en est le premier témoignage en chemin, outre les aigrettes, faucons, buses, hérons… aussi les loutres, grenouilles et tortues… encore toutes sortes de poissons et coquillages y compris des pibales l’hiver dans les estuaires…au milieu de curieuses plantes du marais littoral mi-doux mi-salé !
Les romains auraient été les pionniers des marais salants en passant par le Chapus pour se rendre sur Oléron…(Cf : Poème « L’art du saulnier » d’André Mage de Fief Mélin en 1601). C’est surtout au moyen âge que se développe le port du Chapus devenant notamment le premier port de débarquement du sel d’Oléron. Les biens de l’Abbaye de SAINTES s’étendaient alors jusqu’au Chapus. C’est encore aujourd’hui le premier port ostréicole du bassin de Marennes-Oléron, authentique et pittoresque.
Le Chapus depuis le moyen âge est le port de départ des bateaux vers les iles alentours, un port de pêcheurs, de saulniers, de marins, de pilotes (marins chargés de guider les navires désireux d’entrer dans les estuaires… une « place des pilotes » du vieux Chapus porte leur nom et leur rend ainsi hommage) et bien entendu d’ostréiculteurs.
Nos cousins Arcadiens (Acadiens ou Cajuns) sont aussi partis vers la Belle Province de nos rives, à l’initiative vers 1604 de Samuel de CHAMPLIN, géographe du Roi, né à BROUAGE en 1567 et mort à QUEBEC en 1635. C’est notamment ainsi que subsistent encore dans la belle province : « Des vieux mots de France curieusement embrouillés de bruits de la mer et parfois de terminaisons anglo-saxonnes » selon Antoine MAILLET (de la tour de mon phare !) in « Les Acadiens piétons de l’Altantique » 1984 ACE éditeur et Maison de la Culture de LA ROCHELLE.
Parmi les nombreuses personnalités qui ont eu à passer au Chapus pour se rendre sur l’Ile d’Oléron l’histoire retient Françoise d’Aubigné Marquise de Maintenon et seconde épouse de Louis XIV (Elle serait née au 7 de la rue du Pont à NIORT en 1635, et épousa morganatiquement le roi en 1683 en secondes noces)
Madame de Maintenon voulant faire ses dévotions avant l’embarquement demanda à visiter l’église du lieu…. Comme il n’en existait pas elle envoya la somme nécessaire à construire entre 1687 et 1694 une chapelle devenue église paroissiale au centre bourg de BOURCEFRANC.
Sa cloche serait celle qui servait avant la révocation de l’Edit de Nantes à appeler au prêche les protestants de SAINT-JUST dont le temple fût détruit en 1684.
Ainsi jusqu’à la révolution de 1789 la chapelle de BOURCEFRANC fut desservie par un récollet du couvent de MARENNES payé sur la cassette particulière du roi.
Cette église existe toujours au centre du bourg de BOURCEFRANC et porte le nom d’église SAINT-LOUIS.
Elle a été aménagée et décorée au 19° siècle notamment par des vitraux offerts par les pêcheurs du Chapus (Cf : les trois scènes à gauche du chœur), et depuis 1957 elle a même reçu un clocher !
D’autres personnalités de notre histoire sont passées au Chapus, dont notamment :
François Michel Letellier marquis de Louvois, alors Ministre de la Guerre de Louis XIV commença à faire bâtir en 1690 un fort avec donjon à quatre cents mètres environ de la pointe du CHAPUS en pleine mer avec une chaussée découverte à marée basse.
Mais Louvois décède en 1691 et c’est Sébastien le Presle, seigneur de Vauban, alors commissaire général aux fortifications, qui reprend ce chantier en réduisant ses proportions et lui donnant sa forme de fer à cheval…
Cette forme reste depuis l’antiquité le porte-bonheur des superstitieux, car le fer à cheval a la réputation de chasser les mauvais esprits et sa forme en croissant est symbole de fertilité et de chance… Pour les chrétiens il symbolise la forme de la voute céleste et la première lettre du Christ… sans oublier la légende de Saint Dunstan alors forgeron devenu archevêque de Canterbury en 959 qui en voulant ferrer le cheval du diable aurait cloué le pied fourchu du démon qui se tiendrait depuis éloigné de de cette forme de fer à cheval…Ainsi le Fort Louvois est devenu le talisman de la côte Atlantique !
Ce fort est alors ainsi achevé en 1694 et orné du blason royal. Louis XIV fit même frapper une médaille figurant le Fort du Chapus en 1694 avec la légende « Arx Chaputania et securitas littorem » soit « Fort du Chapus, sécurité du littoral ».
Ce fort devait croiser ses feux avec la citadelle du Château d’Oléron pour protéger le bassin de la Seudre.
Il a été déclassé militairement en 1889 et classée monument historique en 1929.
Fort Louvois a été bombardé durant la seconde guerre mondiale, le 10 septembre 1944, par les troupes allemandes qui visaient les résistants retranchés à l’intérieur après avoir hissé le drapeau tricolore français au sommet de son donjon.
Ces bombardements ont détruit notamment son enceinte ouest et le haut du donjon, ainsi que des bâtiments alentours (dont l’immeuble abritant alors l’hôtel restaurant « Le Chalet » qui sera entièrement reconstruit avec les dommages de guerre, ce qui explique ses planchers actuels en béton de ce qui est devenue maintenant la Villa Equinoxe).
Il a été rénové par les Beaux Arts après la guerre en respect de son état d’origine.
Le site d’implantation de Fort Louvois résulte d’une étude des sols précise en ce qu’il repose sur le seul éperon rocheux calcaire de la Pointe du Chapus, le même que celui sur lequel est construit dans son alignement la Villa Equinoxe.
Ce fortin est devenu un symbole de la Charente Inférieure devenue Maritime…
Il se visite à pied à marée basse et par une navette à marée haute.
La gare du Chapus, voisine immédiate à l’ouest de la Villa Equinoxe, a été inaugurée le 11 août 1889 et participera aux transports de personnes mais aussi des huitres, un wagon de marchandises se trouvant presque en face de chaque cabane ostréicole de la pointe du Chapus.
Jusqu’à la seconde guerre mondiale la ligne du Chapus desservait ainsi la Gare de Paris-Montparnasse, et après la guerre la gare de Paris -Austerlitz.
La gare du Chapus a fermé définitivement en 1986.
Après la remise en état de son bâtiment, elle accueille maintenant l’inspection académique de l’Education Nationale, la capitainerie du port du Chapus et la coopérative maritime du « comptoir de la Mer ».
La voilerie ROUMEGOUS s’installera à la pointe du Chapus en 1896, au nord face au Chalet (devenu la villa Equinoxe), et ses voiles réputées ont été distribuées dans le monde entier. Elle a cessé toute activité en 2000.
Son immeuble, dont la façade a été sauvegardée en l’état en conservant son enseigne « Voilerie », abrite maintenant un centre culturel et artistique privé qui offre un accès à l’art et à la culture pour tous et devient un point de rencontre et de partage incontournable de la pointe du Chapus.
E la nave va.
Jusqu’en 1938 la liaison entre la pointe du Chapus et l’Ile d’Oléron et les iles alentours (Aix et Madame) se faisait par gabarre, puis bateau à hélice dans des conditions sommaires au départ du port du Chapus.
Puis un appontement en béton a été construit avec des passerelles pour faciliter l’embarquement et le débarquement des personnes et des véhicules. Il perdra son utilité à compter de la construction (début 1964) et de la mise en service du viaduc de 3.000 m reliant le continent et l’Ile d’Oléron, à un kilomètre environ au sud de la pointe du Chapus, le 18 juin 1966.
Depuis le viaduc la pointe du Chapus est devenue un endroit discret et privilégié réservé à l’activité portuaire et ostréicole dans toute son authenticité.
Jusqu’à la construction du viaduc l’activité touristique de la pointe du Chapus était intense notamment en période estivale avec parfois des embouteillages de plusieurs kilomètres de véhicules souhaitant se rendre sur l’Ile d’Oléron (Certains mois d’août leur file s’étirait jusqu’à la caserne de Marennes !).
Ce fut la période florissante notamment de l’hôtel restaurant gastronomique « LE CHALET » (Ancien nom de l’hôtel restaurant « L’EQUINOXE ») tenu par la famille SUIRE depuis deux générations…
Un descendant de cette même famille, après avoir tenu « Les Jardins du Lac » à TRIZAY, partage maintenant l’exercice de son art gourmand sur une autre pointe : celle du CAP en Afrique du Sud…dominée par Table Mountain !
Puis cet établissement, qui avait pris le nom de « L’EQUINOXE », a cessé toute activité il y a une vingtaine d’années déjà….
Lors de sa remise en état nous avons eu à cœur d’en conserver le dernier nom repris dans « Villa EQUINOXE » mais aussi des éléments de la cuisine professionnelle dont le piano CHARVET du Chef (Remis en état de fonctionnement par un cuisiniste professionnel en changeant toutes les pièces le nécessitant commandées auprès de la maison CHARVET toujours en activité depuis 1934 !), mais aussi sa hotte et la chambre froide…
La pointe du Chapus accueille nombre de manifestations locales dont la fête de la mer mi-août, des frairies, des régates avec toutes sortes de bateaux (des pinasses aux lasses, des sloops aux yachts…), des éclades géantes, des cavalcades et commémorations…
Ainsi la Pointe du Chapus reste placée sous les rayonnements de l’Ile d’Oléron dite « la lumineuse » et du roi Soleil auquel Fort Louvois rend hommage.
Remerciements à Monsieur Jean-Louis CHAUVET, enfant du pays qu’il a servi en y éduquant les jeunes esprits et transmettant son savoir, et qui en sauvegarde la mémoire et l’histoire, notamment par ses précieuses publications sur l’histoire de BOURCEFRANC LE CHAPUS.
Il n’est pas pensable de séjourner à la pointe du Chapus sans y partager ses huîtres.
QUELQUES TERMES DE PATOIS LOCAL et leur traduction en français… pour chapusais de passage
Location Bourcefranc le chapus
La Villa eQUINOXE
1bis Avenue du Général de Gaulle,
17560 Bourcefranc-le-Chapus